On savait notre ami Gervais, discret et réservé, on ignorait qu’au delà de ses qualités de judoka il possédait un vrai talent de plume.
Il vient de remporter brillamment le concours de poésie organisé par la Bibliothèque , la librairie « Le passage des heures » et la Mairie de Saint Savinien.
Je vous laisse apprécier son poème. Vous êtes prêts ? hajimé !
Tel un paquebot échoué sur une vasière,
Le village est là, depuis des temps, depuis naguère,
Sa coque de roc est depuis longtemps trouée,
Déballastée au pic, par des hordes de carriers.
A sa proue, gît les restes d’un château,
A ses pieds, des maisons sont plantées sur le coteau,
Grâce à son éperon, il semble bien encré,
Rien ne le fait tanguer, même lors des grandes marées.
Le soir, toutes les cabines s’animent,
Les hublots de sont corps meurtri s’illuminent,
Les passagers assurent qu’ils ne le quitteront pas,
de sa tour haut perchée, le capitaine fait les cents pas.
Les flots sont si prés, la liberté longe le marais,
Quand le soir tombe, ses lumières en reflets,
Le dédoublent entre les berges du fleuve Charente,
Main, point de silence,les grenouilles chantent.
Puis c’est l’hiver, les cheminées crachent,
Peut-être le bon départ, peut-être la dernière tâche,
Le Saint-Sav, hisse son drapeau pour la énième fois,
Toujours pas, toujours là, ses cloches sonnent le glas.
Il semble à jamais sceller dans sa vase,
C’est son écrin, et plus va, plus sa base,
Ne semble bouger, tel un vaisseau d’un temps jadis,
Les mouettes rient sur les pontons, le village respire la vie,
C’est son port, sa gangue, indéfiniment son nid.
Gervais VIAUD